En Mai,

Fais.

Le mois de mai court toujours devant moi.

Je ne peux l'attraper, je ne peux lui dire de s'arrêter, de m'attendre...

Il court toujours plus vite que moi, de plus en plus vite...

Moi et ma patte folle, ma jambe blessée, mon genou...

Je ne m'atèle à aucune tâche en dehors de dormir, fermer les yeux et laisser passer ce mois maudit mois de mai.

J'attends juin, sans et avec impatience, et pourtant mon coeur se prend à rêver de mer, d'océan, de plonger jusqu'à me perdre au fond.

Au fond, oui, je sais que c'est irréversible, le fond m'attire, la profondeur, la noirceur.
Je vais avoir 40 ans, je n'ai rien fait, et rien ne me tente en dehors de la descente.Une descente aux enfers ? Une descente de reins ? 

40 ans, je me suis toujours dit que c'est la fin. 40 ans.Je ne les ai pas encore, je n'ai rien de toute façon, juste des envies, des envies de rien, des envies de tout.
Tout ce qui n'est pas moi, tout ce qui n'est pas.

40 ans dans une vie, ce n'est rien, il reste encore 40 années à remplir de vide, à vider de ce rien.
40 années à venir,à tenir, à vivre.

Je n'ai pas demandé à naître, je n'ai pas demandé à être.Je n'ai pas d'envie, je n'ai pas de vie.
Je ne veux plus, finis la lutte...